L’ATTAQUE DU FORT MONTBAREY SEPTEMBRE 1944 : LE CHAOS DE LA GUERRE

13 Septembre

Dans la nuit du 13 au 14 septembre, le 1er bataillon du 116e régiment d’infanterie de l’armée américaine occupe des positions avancées à l’est du Fort Montbarey. Il est rejoint par l’escadron B du 141e RAC, sous couvert de tirs d’artillerie pour masquer leur approche.

14 Septembre.

Afin de franchir le champ de mines, le fossé antichar et le chemin creux, le plan initial prévoit que l’infanterie américaine avance soutenue par quatre chars de l’état-major  du 141e RAC (Churchills obusiers) et un peloton de Tank Destroyers M10 tirant des obus explosifs.

Le génie américain, suivi par l’infanterie, doit ouvrir et baliser  un passage dans le champ de mines, puis placer des charges explosives dans le fossé antichar et le chemin creux.

Cependant, l’infanterie et le génie américains subissent des pertes considérables lors de leur avance en et en déminant le champ de mines sous le feu de l’ennemi. À la mi-journée, l’infanterie américaine se trouve à 180 mètres des défenses extérieures du fort, mais ne peut plus avancer.

Le capitaine Cobden, second du B Sqn 141 RAC et celui de la B Coy / 116 (US) Inf Regiment revoient leur plan pour s’emparer du fort. La compagnie sera appuyée par le 1er peloton de Crocodiles du Lt Ward.

Le nouveau plan prévoit que les chars Crocodile traversent le champ de mines, couverts par la fumée de l’artillerie, suivis de près par deux sections d’infanterie américaine. La troisième section et le commandant de compagnie doivent ensuite franchir le champ de mines avec deux chars Churchill du peloton de commandement pour soutenir les vagues d’assaut. Le commandant de la compagnie américaine doit ensuite poursuivre la progression et pénétrer dans le fort.

Le capitaine Cobden effectue avec les sapeurs une reconnaissance afin de voir si les chars peuvent franchir le fossé antichar et le chemin creux. Bien que plusieurs sapeurs aient été tués ou blessés, le capitaine Cobden et un sergent sapeur américain reviennent avec les informations nécessaires.

La nouvelle attaque menée par le lieutenant Ward dans son char Crocodile débute à 14 heures et les chars progressent à travers le champ de mines. Le second char, commandé par le sergent Leslie Morley, heurte un obus naval de 140 kg enterré comme une mine et est détruit, son pilote, le Corporal Dennis Moore, est tué et le reste de l’équipage gravement blessé.

Le char endommagé bloque désormais le passage aux autres chars. Sous le feu des canons de Churchills et de trois tank Destroyers M10 tirant des explosifs puissants, les sapeurs américains parviennent à dégager un nouveau passage autour du char.

Entretemps Le lieutenant Ward, a toutefois réussi à franchir le champ de mines et les obstacles et à engager les snipers, les mitrailleuses et les canons antichars tirant depuis le fort. Les lance-flammes des chars Cocodile permettent à l’infanterie américaine de franchir les deux lignes de défense extérieure, de contourner le fort et de prendre à revers les défenses allemandes.

Après avoir utilisé tout son carburant de lance flamme et ses principales munitions, le lieutenant Ward entreprend de revenir, mais son char tombe dans une déclivité non détectée sur un bunker allemand. Le char est immédiatement encerclé par des Allemands qui agitent des drapeaux blancs. Mais se rendant compte que le char est bloqué sur le côté, ils se débarrassent rapidement des drapeaux blancs.

Les vapeurs d’essence et un extincteur au bromure de méthyle percé remplissant l’intérieur du char, l’équipage n’a d’autre choix que d’ouvrir les trappes. Brandissant son pistolet, le lieutenant Ward demande aux Allemands de se rendre. Il renforce ce message en se saisissant du fusil-mitrailleur Bren du Churchill. Il y parvient mais lui et son équipage sont désormais isolés au milieu du champ de mines.

Pendant ce temps, le capitaine Cobden et deux autres chars Churchill réussissent à contourner le char endommagé du sergent Morley. Le commandant américain, le major Dallas, forme une section de fortune avec des conducteurs de jeeps et des sapeurs qui vont combattre comme des fantassins avec les trois chars. L’ensemble progresse vers le périmètre du fort pour aider le lieutenant Ward. 

Presque immédiatement, les trois chars s’enlisent et l’un d’entre eux perd une chenille. Le capitaine Cobden envoie alors la section improvisée en avant pour soutenir le lieutenant Ward, mais ils sont bloqués à 200 mètres de là. Le lieutenant Ward, son équipage et les prisonniers doivent alors retraverser le champ de mines pour les rejoindre, sous le feu du fort.

Finalement, les trois chars sont dégagés et, avec l’équipage du lieutenant Ward et 30 prisonniers allemands, les chars regagnent les lignes alliées.

Lors du retour, le char du sous-lieutenant Hare, à l’arrière de la colonne, heurte un autre obus naval de 140 kg. L’immense explosion souffle la tourelle du char, tuant le conducteur, le Trooper Eric Guy. Le copilote, le Trooper Albert Frudd, meurt le lendemain. Les autres membres de l’équipage gravement blessés ont survécu.

122 soldats allemands sont capturés, dont 6 officiers, mais le fort principal résiste encore.

15 septembre

L’infanterie américaine se trouve désormais à moins de 10 mètres des dernières défenses du fort, mais avant l’assaut final, le commandant de l’escadron B du 141 RAC, le major Ryle, insiste pour que le champ de mines soit entièrement déminé et que les abords extérieurs du fort soient dégagés au bulldozer. Cela prend le reste de la journée.

Pendant ce temps, les Churchill et les Tank Destroyers américains poursuivent un barrage incessant sur les défenses.

16 septembre

Le major américain Dallas et le major britannique Ryle ont installé leur poste de commandement  à 45 mètres du fort.

Dès le début de l’assaut, le fort est soumis à un tir direct intense de la part des Churchill, ainsi que des Tank Destroyers américains M10 à très courte distance. Un Crocodile commandé par le Sergeant Decent s’avance et utilise son lance-flamme sur les ouvrages de défense intérieurs, situés dans le fort, en arrière de la douve.

Un prisonnier allemand est dépêché dans le fort pour demander sa reddition. Le commandant allemand répond que ses ordres sont de rester et de se battre jusqu’à la fin, et que si c’était ce que les Alliés pouvaient faire de mieux, il avait besoin d’un meilleur exemple de feu et de destruction avant d’envisager la capitulation.

Deux autres pelotons du 141 RAC, les 6 et 10, composées de six chars et commandées respectivement par le lieutenant Shone et le sous-lieutenant Conway, sont alors envoyés en avant et dirigent toute la puissance de leurs flammes et munitions explosives sur le fort. Dans le même temps, toute la puissance de feu disponible, mortiers d’infanterie, obus au phosphore et armes lourdes dont deux obusiers de 105 mm tirant à vue en tir direct, est déversée sur les défenses du fort. L’impact de cette puissance de feu est progressivement déplacé des abords ouest vers ceux du nord. Une force d’assaut composée d’infanterie et de génie a investi les douves et positionnée des charges explosives contre les murs du fort.

Lorsque les charges explosent et sous le couvert de la fumée et d’un barrage de flammes et d’un feu intense, l’infanterie américaine s’élance à l’assaut par la brèche creusée dans le mur extérieur. À l’intérieur du fort, ils sont accueillis par un aspirant officier allemand porteur un drapeau blanc. Avec 30 hommes, il est prêt à se rendre car il n’a plus de munitions et est asphyxié par la fumée des flammes et du phosphore. Les bâtiments annexes du fort lui-même sont en flammes. L’infanterie américaine continue à pénétrer dans le fort et, après des combats au corps à corps, ce dernier se rend.

Au total, 83 Allemands se rendent, dont 3 officiers et 1 aspirant officier. La garnison a pu tenir grâce à la très forte solidité des murs de la fortification et à l’utilisation de masques à gaz pour résister aux vapeurs du mélange chimique/essence des lance-flammes et du gaz des obus au phosphore. Bien que solides les murs du XVIIe siècle n’ont pu résister à l’assaut final des Alliés. À court de munitions et sans perspective de réapprovisionnement, les défenseurs de la garnison finissent par capituler.