JAMES SHERIDAN: UNE FAMILLE EN TEMPS DE GUERRE

En février 2024, une cérémonie commémorative spéciale a été organisée à Le Forest-Landerneau, près de Brest, afin de rendre hommage au sergent James Sheridan en présence de sa famille, à l’occasion de l’anniversaire de sa mort en 1941. La cérémonie a réuni des vétérans français (UNC), des membres de l’association Souvenir Français, de la Royal British Legion et de nombreux habitants de la région. Le neveu du sergent Sheridan, que nous avions réussi à retrouver, a lu l’éloge funèbre rédigé par le frère de Jack avant son propre décès.

Le sergent Sheridan, connu sous le nom de Jack, était l’aîné de sept frères originaires de Crayford, dans le Kent. Tous les frères Sheridan ont servi dans les forces armées britanniques. Son frère cadet Raymond a participé au débarquement et à la bataille de Normandie. Son frère George a servi en Afrique du Nord et a reçu la Médaille militaire (MM).

Jack était un sportif passionné qui jouait au cricket, en tant que lanceur gaucher, et au football pour son équipe locale du Kent, Selina Athletic, notamment en France dans les années 1930. En tant que scout passionné, Jack fut envoyé au jamboree scout mondial de 1933 à Budapest. En signe de respect, les membres de l’équipe locale de football junior française ont assisté à la commémoration.

Au début de la guerre, Jack s’est porté volontaire pour rejoindre la RAF et a suivi une formation d’officier radio et de mitrailleur aérien. Le 15 février 1941, alors que Jack servait dans le 217e escadron de la RAF basé à RAF St Eval, il fut appelé à la dernière minute pour remplacer le mitrailleur arrière du Bristol Beaufort n° L9807, pour une attaque à trois avions contre le croiseur lourd allemand Admiral Hipper dans le port de Brest. Il n’avait jamais volé avec cet équipage auparavant, et le pilote ne se souvenait même pas de son nom lors des débriefings ultérieurs.

Les chasseurs allemands engagèrent le combat contre les trois Beaufort alors qu’ils approchaient de Brest, fortement défendue. Au cours de la bataille aérienne qui s’ensuivit, Jack fut mortellement blessé. Alors que les Beaufort tentaient d’échapper aux chasseurs et d’accomplir leur mission, le L9807 survola le port et remonta l’estuaire de l’Élorn en direction de Landerneau, mais un tir fortuit du ME 109 qui le poursuivait provoqua une explosion et l’équipage fut éjecté de l’avion. Les trois autres ont réussi à ouvrir leurs parachutes, mais il était déjà trop tard pour Jack. Son corps a été retrouvé dans les bois surplombant l’Élorn.

Jack fut enterré avec les honneurs militaires au cimetière du village de La Forest-Landerneau. Ignorant les instructions strictes de l’armée allemande, un grand nombre d’habitants vinrent déposer des fleurs sur le cercueil et le prêtre local donna la bénédiction finale. Après la guerre, le village donna son nom à une rue locale. Une habitante de la région, Mme Guézenec, dont la famille était très impliquée dans la résistance, a contacté sa famille pour leur raconter ce qui s’était passé et leur dire que sa tombe était bien entretenue. Sa jeune sœur était présente à la commémoration et a reçu une broche de la Royal British Legion en guise de petit geste de remerciement.

Ce fut un privilège rare d’avoir participé aux recherches pour cet événement visant à honorer un membre d’une famille remarquable dont le dévouement à la cause de la liberté a profondément touché de nombreux participants.